Patrimoine

L'histoire de Guignol au parc

Bonjour les gones !

Il faut p’têtre ben que je vous racontasse un peu l’histoire de notre théâtre à nous.

Ce titre de Véritable Guignol du Vieux Lyon, on appelle ça une raison sociale … et qu’elle est pas d’aujourd’hui … nom d’un rat … elle date du 19ème siècle.

C’est le grand Pipa Joseph Moritz qui l’avait achetée acque tout un théâtre … y jouait à droite à gauche un peu partout.

Puis en 1948, le petit Pipa Antoine Moritz et sa fenotte (femme) l’Yvonne – y z’ont eu l’idée de demander d’installer un castelet au Parc – y fallait bien distraire les Lyonnais venant se bambaner (flâner) et me faire connaître moi Guignol que suit le patrimoine culturel de Lyon à ceusses qu’étaient pas de chez nous et passaient par là.

On est sur la place de Guignol depuis tout ce temps, bien chez nous … Oh ! Ça n’a pas toujours été facile ! Si depuis 1960 on vit dans notre maison de Guignol éclairée et sonorisée, avant le bâtiment il était seulement fermé aux quatre coins. Y servait d’abri.
Nous on s’installait devant. Alors, le théâtre, les marionnettes, les bancs, et tout et tout, on les amenait et les ramenait tous les jours.

Parfois aussi, sans crier gare, arrivait une singotte (averse). Fallait vite ranger et décaniller (partir) pour ne pas pétafiner (abîmer) les décors et les rideaux de velours.

Et en ce temps là ! Les automobiles elles rentraient pas au parc. On entassait tout ce matériel sur des remorques, que l’on traînait. Même qu’une fois, y a une remorque, celle de la Madelon, elle s’est aboussée (embourber) dans une flaque d’eau. Le Vieux Gnafron, il au mieux aimé que ce soit dans une cempote (tonneau de vin).

Après cette époque, à cha peu on eut des améliorations. On s’est payé des bancs que tiennent dans le sol. Le Maire nous a offert des barrières en remplacement des cordes qui tournaient autour des arbres.

1985, ce magnifique toit pour éviter aux gones de se benouiller (tremper), quand y tombait une averse. Et même qu’il a coûté par mal de z’escalins (pièces).
Deux ans plus tard, l’autorisation de mettre un rideau séparant les spectateurs de l’extérieur. Comme ça Madelon, elle était plus obligée à chaque séance de passer le plateau pour tous ceux qui étaient derrière les barrières.

Hou ! Dans ce plateau y avait pas souvent des pièces. C’est vrai que des chenuses colombes (belles filles) et de bons gones donnaient leur participation, mais les sampilles (guenilles) étaient plus nombreux et ils s’escannaient (partir en douce) à toute allure.

Mais à partir de 1987, Guignol, Gnafron, La Madelon et toute la troupe, y z’etaient à présent comme des coqs en pâte dans leur théâtre et c’était bien canant !!!

Les années passèrent naturellement …

1988 : Le théâtre fête chenusement (gentillement) ses 40 ans.
1998 : Le théâtre fête ses 50 ans.
Un demi siècle !!!!
Cela mérite de faire ripaille (bien manger) et bombance.
Tous les gones de Lyon, petits et grands, sont invitassassez gratuitement à venir assister à une représentation.
Nom d’un Rat, y avait tout un cuchon (beaucoup) de genses ce jour-là !

2008 : 10 ans de plus !
Voilà t’y pas que le théâtre fête ses 60 ans !!

« Nom d’une cempote ! », comme dirait le Père Gnafron, « cela mérite un bon machon… allons vite nous z’humecter la corgnole ! »…..

Le matin, tous les gones qui avaient la chance d’être conviés, y s’en sont mis plein la panse (estomac) et plein le corgnolon (gosier) !!!

Y avait des gratons, de la rosette, du saucisson de Lyon, du jésus ( charcuterie lyonnaise), du tablier de sapeur (spécialité de Lyon), des quenelles, de la cervelle de canuts (spécialité fromagère), des coussins de Lyon (chocolats)et quelques pots de bon Pichenet (vin)… ça c’était pour être canant (gentil) avec le Père Gnafron… car ce gone, il est comme la Lune… il boit !!! Et quand son verre est plein, il le vide… quand son verre est vide, il le plaint !

La fête était un vrai succès …
Le beau linge était présent… heureux et fiers de participer à cet événement lyonnais.

Et l’après midi, comme pour les anniversaires précédents, tous les gones étaient invitassassez gracieusement à venir applaudir ces chères « têtes de bois » du Véritable Théâtre Guignol du Parc de la Tête d’Or fondé en 1948 par l’Antoine et l’Yvonne MORITZ.

Les années continuèrent inéluctablement de passer…
Les marionnettes continuèrent passionnément de se produire au castelet du parc, perpétuant ainsi la tradition, pour le plus grand plaisir des lyonnais et des touristes du monde entier de plus en plus nombreux, se pressant pour venir assister à une séance dans ce célèbre théâtre qui était dorénavant devenu une Véritable Institution …

Et quelle Institution !!!… dirigée par le regard bienveillant et la ténacité de l’illustre fenotte Yvonne depuis déjà des années ….
C’est de ce pas que Madame Moritz avançait fièrement et passionnément en compagnie de sa fidèle troupe pour fêter en 2018, les 70 ans du théâtre. Ce sera une véritable consécration !!!

Août 2017, « La Madame du Guignol » nous quitte.
Elle tire sa révérence.

« Elle entre au Panthéon lyonnais », ainsi que titrait en première page le quotidien Le Progrès.

La première génération s’en allait, laissant tous ces petits acteurs comme orphelins !…

Imaginez-vous…
7 décennies à restaurer, clouer, décaper, laver, perruquer, grimer, maquiller, habiller, costumer les marionnettes.
7 décennies à interpréter les pièces du répertoire traditionnel de Guignol.
7 décennies à faire rire et émouvoir petits et grands.
7 décennies de dévouement à perpétuer la Tradition.

Nom d’un Rat les gones, ça m’en fait monter la larme au quinquet (œil)….
heureusement que j’ai toujours mon tire-jus (mouchoir) dans la poche de mon paletot (manteau)…

Mais j’y pense, c’est t’y pas le moment de s’abouser (perdre connaissance) ni de tomber dans la faïence (défaillir)… La Madame du Guignol, elle n’aurait pas voulu ça !!!

Et puis, elle savait bien qu’elle pouvait compter sur La Descendance pour reprendre le flambeau tambours battants, perpétuer La Tradition et honorer ainsi l’Aventure familiale commencée 69 ans plus tôt.

C’est ainsi que depuis 4 ans, le Véritable Théâtre Guignol du Parc de la Tête d’Or continue sa route, dirigé par Florence et Rémy VALLIN, petits-enfants d’Antoine et Yvonne MORITZ.

2018 : Le Théâtre fête ses 70 ans tambours battants !!!

Dans le pur respect des Traditions, cet anniversaire fut un vrai événement ….
Il fallait honorer la mémoire de la Mamy (disparue) et fêter dignement l’entrée du théâtre dans une nouvelle dimension…

Ce fut bombance, ripaille comme à l’ordinaire, entourés de tous les amis du théâtre et de la famille.
L’après midi, y avait tellement de genses venus célébrer cet incroyable anniversaire, qu’il aurait fallu pousser les barrières pour agrandir l’enclos …

Les années continuent de passer…

Mais que de choses se sont déroulées depuis ce fameux mai 1948 où, pour la première fois, le castelet du Véritable Théâtre Guignol se produisait devant les p’tits gones de Lyon …
Le théâtre évolue … accueillant année après année, les différentes générations.
Le théâtre évolue, certes !…
Mais il y règne toujours cette âme si particulière, chère à la famille MORITZ-VALLIN, celle de la Tradition de Guignol !!!

Voilà gones et fenottes….
Vous savez tout (ou presque !!!) sur l’incroyable histoire du Véritable Théâtre Guignol du Parc de la Tête d’Or à Lyon.

Nous vous y attendons NOMBREUX !
Et n’oubliez pas que le Véritable Théâtre Guignol amuse les enfants, bien entendu… mais aussi les gens d’esprit !! (et c’est tout dire)

Allez … à la revoyure (à bientôt)
Tenez Tati (portez vous bien)
Et en attendant de vous y reluquer (voir), Guignol et toute sa troupe vous font péter la mialle. (embrasser)

FIN …. pour le mimant !! (moment)

L'histoire de Guignol à Lyon

L’histoire de Guignol est intimement liée à celle de Lyon et d’un homme, Laurent Mourguet. La première trace de la marionnette remonte aux environs de 1810.

Certains racontent que son créateur, Laurent Mourguet, se serait inspiré de sa propre image. D’autres affirment qu’il aurait emprunté l’expression d’un voisin canut « C’est guignolant » pour ses spectacles et que le public aurait alors nommé la marionnette Guignol.

Enfin, une autre hypothèse atteste que son nom proviendrait du nom d’un village lombard, Chignolo. Bien que son origine fasse débat, Guignol est un vrai lyonnais incarnant l’humour, l’indépendance et la joie de vivre.

Né en 1769 dans une famille canuse, Laurent Mourguet ne sait ni lire, ni écrire et reçoit pour seule formation celle du métier de ses parents : le tissage de soie. La crise de la canuserie pousse de nombreux ouvriers de la Fabrique à se reconvertir. Afin de gagner sa vie, Laurent Mourguet s’installe comme arracheur de dents sur les places lyonnaises. Pour attirer sa clientèle et couvrir les cris des passants, ce dernier monte un spectacle de marionnettes. Ce spectacle improvisé remplit une réelle fonction de gazette. Suivant l’actualité du jour, il s’élève par le biais de ses marionnettes contre les injustices subies par les petites gens.

Dès 1804, Laurent Mourguet devient marionnettiste professionnel et crée son premier théâtre dans le quartier des Brotteaux dans le jardin du Petit Tivoli. La marionnette de Gnafron, fidèle compère de Guignol, aurait été créé avant même Guignol en souvenir de son collaborateur, le père Thomas, très porté sur le vin du Beaujolais. La première apparition de Guignol date traditionnellement du 24 octobre 1808, bien qu’elle soit souvent remise en cause. Guignol devient alors le porte-parole des petites gens du fait de la simplicité qui dégage de son personnage.

Comme Laurent Mourguet était analphabète, il n’a pu légué aucune pièce écrite. C’est donc au magistrat, Jean-Baptiste Onofrio, que l’on doit la conservation écrite de ce patrimoine. En effet, ce dernier a publié deux volumes de textes du répertoire classique.

Aujourd’hui, Guignol fait partie intégrante du patrimoine culturel français et un symbole de l’identité et de la tradition lyonnaise. Plusieurs théâtres jouent des pièces de Guignol mais seul Le Véritable théâtre de Guignol du Parc Tête d’Or interprète encore les pièces du répertoire classique et traditionnel de Laurent Mourguet.

Lexique Lyonnais

Abousser : Embourber

A la revoyure : A vous revoir

Bajafler : Parler

Bambanner : Flâner

Bombance : Ripaille

Bouchon : Restaurant

Bugnasse : Stupide.

Cambuse : Appartement

Cempote : Tonneau de vin

Chenuses colombes : Belles filles

Corgnole : Gosier

Cotivet : La nuque

Cuchon : Un tas

Décaniller : Partir

En craquelin : Plisser

Escalins : pièces de monnaie

Fassure : Tissus

Fenotte : Femme

Gandoise : Plaisanterie

Gone : Enfant

Grattons : Graisse de porc rissolées

Grolles : Chaussures

Guenilles : vieux vêtements

Légumineuse : Formidable

Lichotter : Boire

Lugdunum : Premier nom de Lyon

Mal gonner : mal habillé

Matefaim : crêpe épaisse

Nigue-douille : Idiot

Nom d’un rat : Expression spécifique à Guignol

Pétafiner : Abîmer
Peter la miaille : Embrasser

Poutrone : Femme de mauvaise vie

Reluquer : Regarder

Requinquiller : Revigorer

Roquets : Bobines en bois

Sampilles : Guenilles

Se benouiller : Se tremper

Singotte : Averse

Soyeux : Fabriquant de soierie

Tignasse : Cheveux

Trabouler : Aller d’un endroit à l’autre

Vogue : Fête foraine

Nous serons heureux de vous accueillir pour assister à une pièce du « Véritable Théatre Guignol » dans la pure tradition lyonnaise.
N’attendez plus pour réserver vos places !

A la revoyure, nous vous faisons bien péter la miaille !